mardi 1 janvier 2013

Reflexiomitron

 

En l’an 4 de Rajoelina 1er du nom, on peut se demander où va Madagascar dans sa folle course de déception et de frustration. Quand vous n’avez plus aucun contrôle dans le véhicule que vous conduisez, la seule trajectoire possible est de se prendre un poteau ou un ravin en plein gueule. Après moult et peut-être vaines réflexions, jeter la pierre au DJ équivaudrait à dire qu’il est le seul coupable et c’est totalement impossible. C’est lorsque la majorité est coupable que le pays est dans une impasse. Dans cette descente aux enfers, tout le monde est coupable, les politiciens qui nous prennent pour des cons, les opposants qui croient à leurs conneries et le peuple qui se comporte comme un con. Préférant la survie à une saine protestation, il s’est enfoncé dans un marasme dont il ne sortira jamais. Il y a quelques années, j’écrivais que Madagascar se dirige vers une société tellement paupérisée que les plus riches vivront dans des résidences blindées comme des oasis pour ne pas regarder la misère ambiante. Ils auront des gardes personnels et 2012 nous l’a montré dans toute sa splendeur. L’argent coule à flot pour ceux qui savent magouiller et qui connaissent les bonnes personnes.

Les prétendus soubresauts de rébellion n’était qu’un prétexte pour réclamer une partie des 36 deniers et tout le monde peut se remplir les poches s’il peut baisser son froc avec une boite de vaseline. 2009, 2010, 2011 a été l’âge d’or du bois de rose, mais 2012 a été celle de l’accaparement des terres. Des sociétés et des personnes sorties de nulle part achètent de gigantesques superficies pour une bouchée de pain et le gourdin est toujours là si l’argent ne suffit pas. 2013 n’échappera pas à la règle. Le Kuwait, Dubai et la Jordanie vont envoyer des investisseurs pour voir s’il y a quelque chose à grignoter. Le fait est que ces pays se sont rendus compte que Madagascar et son potentiel agricole étaient à vendre. Ils ont détectés des exportations massives d’or par l’intermédiaire d’opérateurs étrangers et ils doivent se dire : Allons-y puisqu’il parait qu’on peut tout faire à Madagascar sans subir aucune conséquence.

Dans ces conditions, parler d’élections ou d’un autre processus relève de l’idiotie pure et simple. Mais il faut bien donner une image de démocratie certifiée à la communauté internationale. Que l’on organise des élections transparentes ou non, cela ne changera pas grand-chose pour le quotidien des malgaches parce que la seule différence est qu’on bradera le pays en toute légalité. Actuellement, c’est la république centreafricaine qui est au centre de l’attention de la France et pour cause, ce sont ses multinationales qui ont mis ce pays au morceau en mettant un pantin à sa tête. C’est exactement le cas de Madagascar sauf que la France ne peut pas s’impliquer ouvertement.

2012 a été l’année où la censure et l’utilisation du système judiciaire a été utilisé contre les citoyens. Des blogueurs et des journalistes sont poursuivis pour des motifs fallacieux juste pour leur clouer le bec et on peut dire que cela marche puisque le pot de vin est toujours plus fort que le pot de terre. 2012 a été également une année d’une prétendue libération technologique avec une baisse relative des tarifs sur la téléphonie mobile, mais il reste encore beaucoup à faire pour bénéficier de la neutralité du net et une concurrence saine et loyale. Ce potentiel du mobile a amené l’avènement du paiement par mobile et devinez qui sont déjà les grands gagnants de ce secteur. Trois sociétés étrangères. On comprend à peine les bénéfices monstrueux de ce marché et des entités étrangères nous écrasent déjà sous leur monopole.

Le magazine Lonely Planet a classé Madagascar comme l’une des 10 meilleurs destinations touristiques au monde, mais si le potentiel est là, la réalité est tout autre. Les infrastructures et les ministères concernés sont gangrenés par la corruption. On préfère promouvoir le tourisme sexuel plutôt que le tourisme tout court. Nosy-Be et Sainte-Marie mériterait d’être les capitales de ce fléau avec 70 % de la population qui préfère vendre son corps plutôt que d’exploiter leur cervelle pour se sortir de la merde. Après, on s’étonne que les jeunes femmes préfèrent partir au Liban ou ailleurs pour subir les affres de l’esclavagisme moderne. La situation est tellement merdique qu’on sait ce qu’on risque en allant là bas plutôt que de rester ici. L’insécurité a aussi plombé le tourisme, car les destinations touristiques populaires sont maintenant contaminés par le phénomène des Dahalos.

Intéressant ce phénomène, car on ne parlait plus que de ça pendant quelques semaines avec un chef qui tenait plutôt de Sauron qu’un pauvre bougre avec des sandales en caoutchouc. Et du jour au lendemain, pouf, les Dahalos ont disparus, mais les militaires ne se sont pas privés pour faire des exactions pour la bonne cause. Mais qui pourrait refuser quand le viol et le pillage sont cautionnés sous le couvert d’opération de sécurité. Et dans cette atmosphère de peur, les opérateurs touristiques prétendent encore que les touristes ne craignent rien. Mais peut-être que c’est vrai, car cette opération ne me semble qu’une mascarade pour tenter de dissuader ceux qui pourraient découvrir des choses dans ce Sud mystérieux et barbare.

La culture de la peur par les médias a été systématique. Et pour ceux qui veulent comprendre le pourquoi du comment, je leur conseille de voir le documentaire, Bowling for Colombine, par Michael Moore qui explique les raisons des fusillades à répétitions aux USA. On comprendra pourquoi les médias nous vendent la peur et le racisme pour empocher leur chèque à la fin du mois.

Le laitier nous a fait aussi une savate à la Ong Bak en se désistant des prochaines élections, mais il sera bien avancé si le DJ va se présenter (ce qui est probable). Le résultat est que notre laitier va passer pour le bouffon de service vu qu’il sera obligé de se présenter à son tour.

Une dernière affaire permet de comparer la situation de Madagascar et d’en trouver les raisons d’un tel mic-mac. Le viol d’une femme en Inde a soulevé l’indignation. Et le peuple dans sa bêtise habituelle a recommandé les pires châtiments pour les violeurs. Si ces derniers sont coupables, à qui la faute ? A leur enfance malheureuse, à un environnement propice au mal ou simplement parce que la société indienne se base sur le système des castes que je considère comme une abomination et qui elle-même se base sur la religion. Un système qui dénigre les conditions des femmes et qui ne laisse aucun droit dans la société. Mais combien d’expert ont pointé du doigt cette culpabilité indirecte ? Personne, car critiquer la religion est interdit. De la même manière, on peut tout mettre sur le dos de nos dirigeants, de nos opérateurs, de nos étrangers et de tout ce qui passe par votre tête.

Mais qui n’a pas bronché quand tout cela se mettait en place ? Qui ont sourit comme des cons lorsque leur avenir se jouait à coup de Kalachnikov et de propagande ? Qui continue de croire à des miracles qui sauverait la situation ? Certes, on peut dire que c’est le droit du citoyen de se comporter comme tel, mais ensuite, il ne faut plus venir pleurer lorsque sa vie est détruite par son manque de réactions.

 

P.S : La situation est tellement débile dans ce pays que je n’ai pas trouvé de titre à la hauteur et j’ai mis ce qui me passait par la tête.

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