lundi 30 juillet 2012

Madagascar : le secteur en danger des plantes médicinales et des tradipraticiens

 

Reflexiums revient parfois sur de nombreux sujets tels que la fracture numérique, la corruption, le manque de paiement en ligne, mais les plantes médicinales et les tradipraticiens sont souvent négligés par les médias et les blogs. Les plantes médicinales et leurs vertus thérapeutiques ont fait leurs preuves à maintes reprises. La médecine traditionnelle malgache a toujours été un refuge pour la société. On bénéficie de méthodes naturelles, moins d’effets secondaires et surtout, elle est beaucoup plus abordable que la pharmacopée chimique dont les prix frisent la démence sur certains médicaments.

Mais force est de constater que la tradipratique et les plantes médicinales n’ont jamais étés une priorité pour les gouvernements successifs. Ils sont les parents pauvres du secteur économique, car ils n’ont jamais étés considérés comme des choses rentables. Pourtant, les plantes médicinales et les tradipraticiens représentent le double visage d’une des plus précieuses ressources du pays. Premièrement, on a la richesse du savoir-faire ancestral qui s’est transmis de génération en génération et secundo, on a une exploitation saine et pratique de la flore endémique de Madagascar. Si les remèdes traditionnels font toujours partie de la société malgache, on se rend compte que les tradipraticiens sont considérés comme des vendeurs à la sauvette à la limite de l’arnaqueur qui offre un sirop guérit-tout. Ce type de mentalité est plus présente chez les jeunes qui ont étés conditionnés par la pharmacopée traditionnelle. Après tout, pourquoi croirait-on un vieux rabougri dans son étal du marché de la petite vitesse sur ses herbes qui fournissent un bon apport en calcium quand on a de gros panneaux publicitaires à Anosy qui prétendent que des petites pilules blanches vous aideront à passer vos examens ?

La plupart des tradipraticiens appartiennent à l’Ordre officiel des tradipraticiens qui est similaire à l’Ordre des médecins. Malgré leurs étals de vente d’apparence modeste, on peut voir le certificat du tradipraticien dans de nombreux marchés. Bien sûr, il y a des arnaqueurs dans le secteur comme c’est le cas partout tels ses vendeurs de la fameuse argile verte qui vous guérit de tout et même plus encore. Mais je pense que nous délaissons une grande partie de l’héritage et du savoir-faire de la société en délaissant les plantes médicinales au profit de paradis chimiques. L’un des inconvénients des plantes médicinales est que le traitement est bien plus long que la pharmacopée traditionnelle. Cela peut même durer des mois et certains n’ont pas confiance en arguant que tous les remèdes sont vendus sous forme de tisanes, mais le fait est que cette méthode de consommation a déjà fait preuve à de nombreuses reprises. A une époque, les grandes surfaces tels que Jumbo vendaient des plantes médicinales, mais ils ont disparus des rayons depuis belle lurette. A la place, on a des soi-disant médicaments naturels qui proviennent d’Europe et qui coutent la peau des fesses et l’étiquette vous prétend même que l’achat de ces produits contribue au commerce équitable.. Hum ! Le commerce équitable n’est-il pas le fait de promouvoir des producteurs locaux avec leur savoir-faire traditionnel plutôt que des produits dont la principale verte thérapeutique est de soulager votre compte en banque ?

Un autre aspect de ce délaissement des plantes médicinales est que les grandes multinationales peuvent faire main basse sur toutes les ressources naturelles du pays. Nous risquons de nous retrouver dans une situation similaire à l’Inde. Cette dernière a autorisée sans aucun contrôle des chercheurs étrangers à explorer la médecine traditionnelle indienne. Ces chercheurs ont ramenés les plantes chez eux, ont extrait les molécules qu’ils ont intégrés dans leur brevet. Ensuite, ils ont portés plainte contre l’Inde pour violation de propriété intellectuelle quand cette dernière vendait ses plantes médicinales, une chose qu’elle a fait depuis quelques milliers d’années !

L’exploitation des forêts, la culture sur brulis et la destruction systématique des forêts mettent en danger l’un des plus atouts de Madagascar qui est son savoir-faire et ses ressources en plantes médicinales. La pervenche de Madagascar a été reconnue pour posséder un alcaloïde efficace dans le traitement du cancer. La pervenche de Madagascar a totalement disparue de la flore malgache et elle n’est plus disponible qu’en serre. A une époque, j’avais des pervenches de Madagascar dans mon jardin et on me disait que c’était juste de la mauvaise herbe. Des initiatives existent pour tenter de préserver la tradipratique et l’utilisation des plantes médicinales, mais cela reste extrêmement minoritaire. Et le pire est que ce sont les ONG étrangères qui sonnent le signal d’alarme. La majorité des malgaches étant trop occupés à regarder les séries de Telenovella, mais sans doute est-ce parce que des gens médiocres aiment les choses médiocres. Personne ne se bouge, mais ensuite, ils hurlent à la xénophobie et autres bons sentiments quand ils s’aperçoivent que leurs pays a été bradé pour des perles d’autochtones.

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