samedi 25 février 2012

Madagascar : Pauvres nous sommes, pauvres nous resterons !

 

La Banque Mondiale classe Madagascar dans les PTTP (Pays Très Très Pauvre) et cela dure depuis si longtemps que cela devient banal. Des graphiques sur l’évolution du PIB national montre que tous les pays de l’Océan Indien évoluent dans le bons sens sauf Madagascar qui régresse malgré un indicateur positif de la lutte contre la corruption. Il n’est pas nécessaire d’être un économiste chevronné pour comprendre le mécanisme de la richesse et je la résume en une seule phrase –> La suppression d’un intermédiaire.

Imaginons que vous soyez un fabricant de peinture qui propose un pot de 1 kg à 10 euros que vous pouvez vendre à 15 euros avec 5 euros de bénéfice. Théoriquement, ce bénéficie vous permet de proposer régulièrement un produit tout en dégageant un bénéficie constant ce qui permet d’améliorer l’entreprise et la production. Mais le problème de Madagascar est qu’il y a une foule d’intermédiaires entre vos 10 euros et vos 15 euros. Le client qui est prêt à dépenser les 15 euros ne sait pas que vous vendez à 10 euros, car un intermédiaire vous l’achète à 12 euros, ensuite un second qui l’achète à ce premier intermédiaire à 15 euros et au final, le prix final revient à 25 euros. Généralement, le producteur se rend compte au bout de quelques années qu’il pourrait gagner beaucoup plus en supprimant les intermédiaires, mais il est évident que ces derniers ne vont pas se laisser faire.

Ce simple principe permet d’exprimer tous les problèmes de pauvreté de Madagascar, car on convainc les gens que les intermédiaires sont la seule solution pour vendre leurs produits. Le secteur informel est l’un des plus actifs dans le pays et on peut prendre l’exemple des secteurs de l’artisanat malgache et des plantes médicinales. Dans un documentaire, on voit des intermédiaires étrangers qui achètent ces produits en grosse quantité à bas prix pour les revendre à prix d’or sur le marché international. La marque Made in Madagascar est vendeuse grâce à son caractère exotique. Il n’est pas rare qu’un sachet de plante médicinale coute 5000 ar sur le prix du producteur, mais il est vendu sur les sites marchands pour 25 euros… L’argument des intermédiaires est que sans eux, les producteurs n’arriveront pas à écouler leurs produits parce que le marché local n’est pas important. Mais c’est une fausse explication, car il suffirait que le producteur arrive à écouler directement sur le marché international pour qu’il fasse des bénéfices conséquents.

Cela étant dit, on ne peut pas accuser le méchant étranger d’exploiter les pauvres malgaches, car le système est injuste à la base. Il n’y a pas de souplesse bancaire, les paiements en ligne sont inexistants, le manque de formation des producteurs pour la vente à l’international et j’en passe. C’est pourquoi, de nombreux secteurs sont à la merci de quelques groupes économiques très importants. On a cité l’exemple de l’artisanat malgache et des plantes médicinales, mais on peut aussi citer le marché de la pêche, de la vanille, de la girofle, du Ylang Ylang, des pierres précieuses, de l’or, etc. On ne parle pas ici des gigantesques ressources naturelles de minerai parce que seules les entreprises étrangères ont la capacité de les exploiter, mais d’autres petits secteurs peuvent faire vivre une grande partie de la population, mais non, il ne faut pas que la population locale se rende compte des richesses qu’elle possède, aussi tout le monde complote consciemment ou non pour bloquer la dynamisation du secteur.

La moindre critique sur ce système injuste provoquera une levée de boucliers de tous les intermédiaires économiques à commencer par le gouvernement, les banques et toutes ces associations qui prétendent aider le peuple malgache à sortir de la pauvreté. La sacro-sainte loi du capitalisme est utilisée pour justifier toutes ces dérives et cela continuera encore et encore. Depuis quelques mois, la HAT subventionne les compagnies pétrolières pour qu’elles n’augmentent pas le prix carburant et cette semaine, la Banque Mondiale a annoncée que ce type d’assistanat tue le secteur privé à petit feu. Intéressant comme cette Banque Mondiale se met au service de ces groupes ultra-puissants dont les bénéfices se chiffrent par milliards  ? Et la population avec les chauffeurs de taxi-be, les taxi, la répercussion du prix de l’essence sur les produits PPN ? Est-ce qu’ils ne vont pas mourir à petit feu à cause de cette augmentation supplémentaire ? Le mensonge est systématique et il suffit d’une seule rumeur pour que les anciens stocks de carburant soient majorés aux nouveaux tarifs alors qu’il n’existe aucune raison pour le faire.

Si on étudiait profondément ce système économique qui perdure depuis des années, on verrait que pour 1 Ariary qui rentre au pays par l’intermédiaire des aides étrangères et des investissements, il y a 9 autres qui ressortent en toute légalité contribuant ainsi à alimenter une pauvreté toujours croissante.

 

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